L'achillée millefeuille fait partie des premières plantes que j'ai appris à reconnaître. Elle m'a tout de suite tapé dans l'œil avec la dentelle de ses feuilles, son port dressé et la blancheur de ses fleurs qui illumine partout les chemins et les sentiers ! Sa floraison longue et estivale nous permet de profiter de son parfum délicat pendant presque 4 mois. Cette belle des prés est si commune qu'elle peut facilement passer inaperçue, alors n'attendons plus pour s'attarder sur ce petit trésor végétal !
La reconnaître et l'observer
L'achillée millefeuille a de nombreux autres noms vernaculaires qui illustres ses usages : herbe à la coupure, herbe au charpentier, herbe au soldat, ou encore sourcil de Vénus. Nous verrons en effet qu'elle est utiliser traditionnellement pour soigner les blessures et pour accompagner la femme. Tout un programme ! Son nom scientifique, achillea millefolium, rend hommage à la légende d'Achille qui aurait utilisé l'achillée pour soigner ses soldats, et à la forme de sa feuille qui est si découpée qu'on la dirait composée de milliers de feuilles !
Botanecdote : L'achillée millefeuille doit son nom à Achille, héro Grec ayant appris l'usage des plantes auprès du centaure Chiron, qui soigna ses soldats avec cette plante lors de la Guerre de Troie !
L'achillée millefeuille est une espèce de la famille des astéracées, reconnaissable par son inflorescence typique en capitule. Cette famille est la plus grande au monde avec plus de 24000 espèces à travers le globe et plus de 800 en France ! On retrouve par exemple dans cette famille le pissenlit (Taraxacum officinale), la pâquerette (Bellis perennis), la chicorée (Cichorium intibus), la tanaisie (Tanacetum vulgare) que nous avons vue dans un article précédent, et bien d'autres !
Mais observons plus précisément cette jolie dame au nom si héroïque. L'achillée millefeuille est une plante herbacée, vivace à port dressé de 50cm à 1m de haut. La tige est couverte de petits poils blancs. Plante de lumière, vous pourrez la trouver dans les prairies, les prés sur sol calcaire, les pelouses et les friches. Elle s'invite aussi parfois au jardin !
L'inflorescence est une corymbe de capitule qui pourrait être confondue avec les espèces de la famille des apiacées comme la carotte sauvage (Daucus carota). Mais observez bien l'insertion des pédoncules portant les capitules. Ils ne partent pas tous du même point ! Les inflorescence en ombelle de la carotte sont reconnaissables car les pédoncules partent tous du même point comme une ombelle ou un parapluie. Si l'on observe les capitules à la loupe, vous remarquerez que ce n'est pas une fleur unique mais un véritable bouquet de fleurs minuscules ! Les capitules sont ainsi composé de fleurs ligulées et de fleurs tubulées, petites et serrées, de couleurs blanches ou rosées. Les fleurs ont une légère odeur aromatique très agréable. Elles sont hermaphrodites et sont pollinisées par de nombreux insectes.
Les feuilles sont longues, en touffe à la base puis alterne sur la tige. Elles sont simples, très découpées, allongées, vert foncé et pubescentes. Les feuilles sont aussi aromatiques !
Les fruits sont de petits akènes dépourvus de soies.
L'achillée millefeuille peut coloniser de grandes surfaces grâce à ses rhizomes ! Cela lui permet de former de vastes tapis de clones en peu de temps. Et oui, avec cette méthode de reproduction on est en fait en face d'un seul individu très étendu ! Incroyable non ?
Botanecdote : L'achillée millefeuille est connue et utilisée par l'homme depuis très longtemps. Des chercheurs ont retrouvé des traces d'achillée dans la plaque dentaire d'un crâne vieux de plus de 3000 ans ! Preuve que l'homme de Néandertal consommait déjà cette plante.
Récapitulons la description de l'achillée millefeuille :
Ecologie : prairies, prés sur sol calcaire, pelouses et friches
Port : herbacée vivace à la tige dressée, couverte de poils courts et laineux
Feuille : en touffe à la base puis alterne, simple, fortement découpées, allongées et pubescentes, aromatique
Fleur : en corymbe de capitules de petites fleurs blanches ou rosées, tubulées et ligulées, senteur agréable
Fruit : Akène sans soies
Que faire avec l'achillée millefeuille ?
L'achillée millefeuille est une plante médicinale connue et utilisée depuis bien longtemps par les Hommes comme en atteste ses nombreux noms vernaculaires. Dans ce cadre ce sont ses sommités fleuries qui sont utilisées mais leur feuilles partagent les mêmes propriétés. L'achillée millefeuille contient tanins et principes amères. Elle a donc des propriétés hémostatiques (qui stoppe les saignements) et cicatrisantes ! C'est ainsi qu'elle est utilisée depuis longtemps en cas de coupure ou de petites blessures superficielles, en externe. Plante de la femme, elle est aussi utilisée en cas de trouble menstruel pour ses propriétés antalgiques. Ses principes amères en font une plante intéressante pour faciliter la digestion. Elle est pour finir antiseptique et antiparasitaire, ce qui est bien utile en cas de blessure ! L'étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris) semble avoir bien connaissance de ces propriétés car il utilise l'achillée millefeuille dans son nid afin de se protéger des parasites !
Botanecdote : Nous ne sommes pas les seuls à utiliser l'achillée millefeuille pour ses propriétés médicinales ! L'étourneau utilise ses tiges dans la construction de son nid et sa présence permet d'inhiber la croissance des parasites !
L'achillée millefeuille est de plus comestible. Les feuilles et fleurs se consomment crues ou cuites, par exemple les feuilles en salade ou dans une omelette, pour aromatiser une sauce,... Les fleurs peuvent être consommée en infusions, pour aromatiser la bière comme ce fut le cas pendant longtemps en Suède. Les fleurs peuvent aussi servir à aromatiser des crèmes et desserts, en étant infusées dans la crème ou le lait. Consommées tel quel elles laissent un goût un peu amère ! Elles peuvent aussi aromatiser des flans, du sucres... N'hésitez pas à l'ajouter à vos recettes !
Botanecdote : En Chine l'Achillée est utilisée pour pratiquer la divination. Les tiges bien droites et séchées sont préparée puis utilisées pour des tirages de Yi King.
En cosmétique, l'hydrolat d'achillée millefeuille peut être utilisé comme après rasage pour aider à soigner les microcoupures dues au rasage. On lui confère de plus la même capacité que la camomille matricaire (Matricaria camomilla) pour éclaircir les cheveux et donner de l'éclat aux cheveux blonds.
Enfin au jardin l'achillée millefeuille vous ravira par sa longue floraison avec différentes variétés aux couleurs chatoyantes !
Avez-vous déjà gouté l'achillée millefeuille ? L'avez vous croisée au jardin ou en chemin ? N'hésitez pas à la sentir et à observer ses multiples pollinisateurs
Lexique
Alterne : adjectif désignant des feuilles disposées de chaque côté de la tige, à des hauteurs différentes.
Antalgique : qui atténue ou supprime la douleur sans en traiter la cause
Antiparasitaire : qui traite les maladies dues aux parasites
Antiseptique : qui lutte contre les germes de la peau et des muqueuses
Capitule : inflorescence formée de fleurs sessiles serrées les unes contre les autres.
Cicatrisant : qui favorise la cicatrisation des plaies cutanées.
Corymbe : Inflorescence dans laquelle les fleurs, portées par des pédoncules divergents, de longueur différente et rattachés à des points différents de la tige, se trouvent au même niveau au sommet, de façon à former une sorte de parasol.
Herbacée : se dit d'une plante non ligneuse (dont la tige n'a pas la consistance du bois), le terme de plantes herbacées désignant pour sa part des plantes non ligneuses dont la partie aérienne meurt après la fructification.
Hémostatique : qui arrête les hémorragies.
Hermaphrodite : adjectif caractérisant les plantes portant des fleurs avec les organes des deux sexes (étamines et pistil).
Hydrolat : Eau distillée aromatisée.
Inflorescence : mode de groupement des fleurs d'une plante, ou groupe de fleurs potées par un rameau dont toutes les feuilles sont des bractées.
Ligulé : fleurons asymétriques du capitule chez certaines Astéracées- dont la corolle forme une languette.
Ombelle : inflorescence où tous les pédicelles sont attachés au même point de la tige et s'élèvent au même niveau.
Pubescente : se dit d'une plante ou d'une partie de plante portant des poils fins, souples, courts, plus ou moins espacés.
Tanins : Substance amorphe très répandue dans le bois, l'écorce, les feuilles et/ou les racines de nombreux végétaux, apte à transformer la peau en cuir.
Tubulé : à corolle actinomorphe en tubes terminés par de minuscules lobes tous égaux (dans le capitule des composées)
Vivace : se dit d'une plante vivant plus de trois saisons (on parle de plante pérenne lorsqu'elle semble vivre indéfiniment). Les arbres sont le meilleur exemple des plantes vivaces.
Ressources et liens
Fiche plante INPN : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/79908
Fiche plante Tela botanica : https://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-365-synthese
Article Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Achill%C3%A9e_millefeuille
Article Wikiphyto : http://www.wikiphyto.org/wiki/Achill%C3%A9e_mille-feuille
CORDIER J., DUPRÉ R., BELLENFANT S. & GAUTIER S. 2021. — Atlas de la flore du Centre-Val de Loire. Muséum national d'Histoire naturelle, Paris (ISBN 9782366622812)
G. Debuigne, F. Couplan - Le petit Larousse des plantes qui guérissent, 500 plantes et leurs remèdes - Edition Larousse 2013, 2019 (ISBN 9782035968500)
Paul-Victor FOURNIER - Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France - Editions Omnibus 2010 (ISBN 9782258084346)
F. COUPLAN, E. STYNER - Plantes sauvages comestibles et toxiques - Editions Delachaux et Niestlé 2018 (ISBN 9782603025475)
S. G. FLEISCHHAUER, J. GUTHMANN, R. SPIEGELBERGER - Plantes sauvages comestibles, les 200 espèces courantes les plus importantes, les reconnaître, les récolter, les utiliser - Editions Ulmer 2019 (ISBN 9782379220715)
Hervé GUIRRIEC, Jean-Yves KERHOAS - Fleurs sauvages au fil des saisons - Botanique, Histoire et Légendes, Editions Locus Solus 2023 (ISBN 9782368334270)
Dave Shutler, Adam A. Campbell - Experimental addition of greenery reduces flea loads in nests of a non-greenery using species, the tree swallow Tachycineta bicolor - Publié pour la première fois le 25 janvier 2007 dans le Journal of Avian Biology : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.2007.0908-8857.04015.x
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